Clone de Vemuram Jan Ray

J'ai récemment fabriqué un clone de Vemuram Jan Ray. Pour la petite histoire, la Jan Ray est un des nombreux scandales des constructeurs boutiques. En effet, il s'agit tout simplement d'une Paul C. Timmy très légèrement modifiée comme nous le verrons lors de l'étude rapide du circuit. Vemuram a pourtant prétendu que le design était original et émanait de 3 ans de recherche en écoutant des Fender blackface, et a vendu cette pédale à un prix complètement indécent pour une pédale analogique : 375 euros ! On est dans l'exemple marketing type "le prix fait la qualité", il en a vendu énormément, alors que Paul C. produisait quasiment la même pédale pour 120 dollars. Bref, voici une pédale qui mérite d'être clonée, et si vous envisagez l'achat d'une pédale de ce type, foncez sur la Timmy !

Jan ray diy clone 

J'ai réalisé ce clone sur veroboard à partir du schéma de l'excellent site Guitar FX Layouts (le site de référence pour les réalisations sur veroboard) Pas grand chose à signaler pour la réalisation, elle est assez simple, même si la board est au final assez chargée ! Les panasonics SMF 1 uF par exemple prennent pas mal de place sur la board qui gagnerai un peu à être aérée. J'ai commencé par les trous et les linkers (en vérifiant les connections au multimètre), socket pour le circuit intégré, puis résistances, condensateurs, pots et jacks. J'ai utilisé un PCB pour le 3PDT, ce qui a l'avantage d'être un peu plus propre, et un peu moins surchargé en fils (déjà qu'avec 4 potentiomètres, ça y va !) Il faut être bien rigoureux lors du câblage pour éviter la surcharge de fils; mon conseil : faites le câblage directement dans la boite. Pour cela, soudez tous les fils au PCB, avec une bonne longueur, puis insérez la veroboard dans la boite, et coupez les fils le plus court possible (bon avec une petite marge au cas où, hein), puis soudez les, après les avoir tordus de manière à faire un ensemble harmonieux. Prendre un diamètre de fil important (gauge) permet de pouvoir tordre les fils pour les orienter comme on le veut et de maintenir le circuit en hauteur par rapport à la boite. Cela permet d'avoir quelque chose d'assez propre.
vemuram Jan ray DIY clone
Je ne suis pas trop mécontent de mon câblage !

Pour la boite, j'ai utilisé une boite prépeinte de chez Banzai music, en vintage orange sparkle. Acheter les boites déjà peintes est un peu plus cher, mais se justifie vraiment au vu de la qualité de la peinture. Je ferai un petit article dessus pour vous détailler mon point de vue. J'ai utilisé les mêmes boutons que la Jan Ray (Fender vintage, yeaah), et collé un logo gravé au laser. Je trouve le look simple, et classe !

vemuram Jan ray DIY clone


COMMENT CA SONNE ?
On pourra critiquer autant qu'on veut le "travail" de conception de cette pédale, cependant il faut reconnaître que le son est très, très bon. Super saturation qui va d'un truc assez léger typé overdrive low gain, puis va lorgner du coté d'AC/DC pour finir sur du plus saturé. Toujours très mélodieux, avec une énoooorme réserve de volume (le volume équivalent au bypass est environ au quart), idéal pour un son lead donc ou pour mettre une pédale de volume juste après qui vous permet de passer de solo à rythmique en terme de volume sonore. L'égalisation est très réactive et permet de bien doser l'équilibre basses / aigus. Cela reste très transparent et booste bien votre ampli. J'ai enregistré des samples avec ma Les Paul 54 reissue, une malekko spring chicken pour avoir un chouia de reverb, et un Vox Lil night train. Pour la dernière partie (gain maximum !) j'ai utilisé mon boss DD2.





COMMENT CA MARCHE ?
Voici le circuit de la jan ray tel qu'il est réalisé sur le veroboard (un peu différent de ce qu'on peut trouver en ligne, mais tout à fait fonctionnel !)

Jan ray schéma
Circuit de la Vemuram Jan Ray (tracé avec Eagle)

Il s'agit d'une pédale de saturation assez classique utilisant 2 AOP inclus dans le LM4558, qui est donc la pièce centrale du circuit comme on peut le voir sur le schéma. Le premier AOP est en charge de l’écrêtage du signal via des diodes pour provoquer la saturation, tandis que le deuxième sert de boost de volume. Divisons le circuit en plusieurs sections :
Vemuram Jan Ray schéma

La première partie est la partie que j'ai appelée "input section". A l'entrée du signal, il y a tout d'abord un condensateur de liaison de 47uF qui empêche l'entrée de courant parasite continu dans le circuit. Il y a aussi une résistance "pulldown" (résistance de rappel en bon français) de 1M qui permet d'éviter les "pops" à l'enclenchement. Ces "pops" sont dus à une petite charge qui s'accumule entre l'entrée du circuit non connectée et le condensateur de liaison. Lorsqu'on enclenche la pédale, ce petit courant va passer et provoquer les "pops" de la muerte... Pour éviter cela, une résistance reliée à la masse va absorber la décharge de ce petit courant. L'AOP ayant une haute impédance d'entrée, il n'y a pas besoin d'adapter l'impédance du signal d'entrée.

Le signal rentre dans la partie chargée de la saturation ("gain/dirt section"). Le signal entre ensuite dans le premier AOP du LM4558 (c'est un double AOP) qui est monté en non-inverseur pour amplifier le signal. Celui ci passe alors plus ou moins dans la boucle. Les signaux de haute fréquence (les aigus) passent relativement facilement via le condensateur de 47pF. Le reste du signal verra son destin changé en fonction de plusieurs paramètres :
  • le potentiomètre de gain agit comme une résistance variable qui va réduire plus ou moins l'amplitude du signal. Le courant passant dans les diodes sera donc plus ou moins écrété, donc plus ou moins saturé !
  • Le trim combiné aux résistances de 9,1K et 600R va doser la quantité de gain maximale possible. Utile pour régler le gain maximal selon notre niveau d'entrée dépendant des micros de la guitare.
Les diodes vont être responsables du gain. Elles vont écrêter plus ou moins le signal dans la boucle de contre réaction. On est dans le cas d'un "soft clipping" à la manière d'une tube screamer. Des diodes silicone comme les 1n4148 utilisées ici coupent le signal vers 0,5-0,7V environ, mais selon les diodes, la coupe peut être plus ou moins importante. Les diodes germanium coupent généralement plus vers 0,35V, la saturation est donc plus "compressée", et on perd en volume par rapport aux diodes silicone, car l'amplitude du signal est réduite.


Fig. Système d’écrêtage avec diodes dans une boucle d'amplification

Mettre deux diodes à la suite comme cela est fait dans la jan ray, rend le clipping moins important, et le son est donc moins compressé. Un mod assez simple est donc de mettre un switch pour choisir entre deux ou 4 diodes dans la boucle. Il est d'ailleurs présent sur la Timmy. C'est un montage hyper classique que l'on retrouve notamment dans la fameuse Tube Screamer de chez Ibanez, et du coup dans plein plein d'autres pédales d'overdrive.

Le signal part ensuite vers la "volume/output section". Un potentiomètre câblé en résistance variable sert de filtre passe-bas pour filtrer les aigus. Le signal rentre dans le deuxième AOP qui sert d'amplificateur simple pour augmenter le volume. Les résistances de 3,3k déterminent le gain de l'amplificateur.


Enfin, un condensateur de liaison filtre les courants continus en provenance de la boucle pour ne laisser passer que le signal, puis un potentiomètre cablé en résistance vers la masse permet de diminuer l'amplitude du signal final, et constitue donc un potentiomètre de volume tout à fait classique. On reconnait ici quasiment le même contrôle de volume que sur la fuzz face


Dernière section de la pédale : la stabilisation de l'alimentation et la création du voltage de référence (VREF) ("Power supply section"). La diode à l'entrée de l'alimentation protège des inversions de polarité. Les deux condensateurs connectés à la masses sont chargé d'éliminer d'éventuelles oscillations basse fréquence (pour le 47uF) ou haute fréquence (pour le 100 nF). A l'issu de ce parcours, on obtient un courant stabilisé apte à alimenter l'amplificateur opérationnel en +9V. Une autre partie du courant va créer le voltage de référence (VREF) utilisé à différents endroits du circuit, en passant au travers d'une résistance de 9,1k.

A vous de jouer !

Pour aller plus loin (en anglais) :
Résistances pulldown : http://www.muzique.com/news/pulldown-resistors/
Circuit de la tube screamer (proche de celui de la timmy / Jan ray)  : http://www.electrosmash.com/tube-screamer-analysis#power
Previous
Next Post »
1 Commentaire
avatar

P****n c'est propre. Je suis tombé sur l'article en voyant une photo du boîtier. Du genre clean et minimaliste qui donne ce qu'il faut. J'aime les textures larges. Coup de chapeau pour le montage-cablage-essais-prises de sons. Je la verrais bien rejoindre mes autres copines la coquine. Excellent.

Répondre